Teinture Forêt sacrée
Fabrication
Teinture
Décorations
Motifs
Références

Legs d’une tradition initiatique

Tunique

Tunique d’homme à poche pectorale « Forêt Sacrée »

Il y a plusieurs siècles, les Mandés introduisirent auprès des peuples de la zone forestière aujourd’hui réparties entre la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, le tissage et diverses formes de teintures végétales et minérales du coton. Ceux-ci se les approprièrent comme en font foi les écrits de certains explorateurs, commerçants, ethnologues et administrateurs coloniaux qui voyagèrent ou séjournèrent dans cette région.

Il semblerait que la teinture à l’indigo y ait été la teinture végétale la plus répandue, du moins dans la première moitié du XXème siècle. Les teintures ocre à dominante soit jaune, rouge, marron ou brune, héritage de l’influence Mandé, étaient aussi communément employées. A base de décoctions de feuilles, de racines ou d’écorces, les recettes de teinture s’accommodaient des végétaux environnants. Pour ce qui est de la teinture ocre aux impressions d’argile noire, les informations, bien que rares, laissent supposer une technique de teinture ancienne.

Pagne

Etalage de pagnes au marché

L’origine et l’usage de la teinture ocre « Forêt Sacrée » en Guinée Forestière sont encore empreints de mystère. L’on ne saurait estimer à quelle époque cette technique de teinture remonte exactement ni comment se transmettait le savoir-faire. L’on ne saurait dire non plus qui en étaient les artisans ni à quels usages précis étaient destinées les étoffes ainsi teintes et décorées. Néanmoins, les guinéens s’accordent à dire que c’est une teinture ancienne liée aux rites initiatiques anciennement pratiqués dans la Forêt Sacrée par les Kpellé, les Kono et les Manon.

Mais sous l’impulsion de Sékou Touré, Président de la Première République, les secrets rituels furent dévoilés. Sékou Touré avait à cœur que la Guinée devienne une nation socialiste moderne et plus homogène. Ce serait dans le cadre de la démystification des rituels par la Première République que toute personne, initiée ou non, pouvait enfin, à sa guise, porter les tissus « Forêt Sacrée » et que les femmes purent enfin en apprendre la technique. Par la suite, la production tinctoriale prit de l’ampleur ainsi qu’une dimension commerciale.

Pagne Pagne

Tenue traditionnelle « Forêt Sacrée »

Aujourd’hui, le métier de teinturier « Forêt Sacrée » est l’un des petits métiers typiques de cette région, à la portée de tous, sans distinction ethnique, sociale ou de genre. Le devant de la scène tinctoriale est occupé surtout par les femmes. Seules ou aidées d’apprentis, les teinturières exercent leur art à domicile et combinent ainsi tâches ménagères et activités lucratives. A l’occasion, elles s’appuient sur des tâcherons pour leur approvisionnement en écorces et en boue tinctoriale. A la ville, certaines teinturières se regroupent et se répartissent le travail comme au Centre Artisanal de la Promotion Féminine de N’Zérékoré.

De nos jours, la tradition veut que l’on honore les dignitaires et personnalités de passage en Guinée Forestière d’un boubou ou d’un pagne « Forêt Sacrée ».